Nord de la Norvège - Storlien/Olden
La Norvège est le théâtre de batailles incessantes. A notre arrivée visiblement le soleil avait gagné la partie. L'air embaumait le muguet qui tapissait les talus. Les pommiers et le lilas étaient en fleurs. Trondheim vivait en sandale et en petite robe d'été. Mihai et Anna avaient la douceur d'une soirée estivale. Le bleu de l'Atlantique était épatant. La "Atlanterhavsvegen" jouait à saute moutons entre les îles de Kristiansund à Bud, nous donnant presque l'impression de marcher sur l'eau.
C'était sans compter sur les dieux du ciel qui sont ici très puissants. En un instant ils peuvent lever une armée de nuages qui partent à l'assaut des montagnes et enfument les sommets d'une pluie grise. Et si le vent s'en mêle, on assiste à des joutes du plus bel effet. La lumière est changeante et exacerbe les couleurs, le ciel est en perpétuel mouvement. Et quand la roche et l'eau font alliance c'est un spectacle grandiose que ces fjords qui déchiquetent les montagnes. C'est une pure beauté que les reflets des sommets enneigés sur l'eau verte et lisse. Pour peu que vous preniez de l'altitude, c'est une pure émotion que de contempler cette nature gigantesque et de dormir dans la solitude des neiges éternelles (l'ascension des Trollstiegen à 846 m d'altitude par une route de 11 boucles à flanc de montagne au milieu d'immenses cascades et celle des 624 m au dessus du fjord de Geiranger nous a rempli de fierté).
L'humilité nécessaire au voyage prend ici tout particulièrement son sens. Au coeur de la vie montagnarde, des sentiers ancestraux et des villages perdus aux bords des fjords, on se sent immensément petit mais si vivant. Et si être nomade était être au monde (renaitre au monde ?).
