La Suède - Luléa à Storlien
La traversée de la Suède fut une fête. Bien arrosée avec Karl qui nous a accueillis à Luléa. Le Chablis et le Pineau des Charentes avaient le goût de la rencontre et de la complicité et accompagnaient dans la joie le caviar d'oya, la viande de renne et les baies de l'Artique.
Puis ce fut un feu d'artifice de verts que les bourgeons pulvérisèrent en 2 jours sur le bord de nos chemins et une explosion joyeuse de torrents, de ruisseaux et de rivières. La Pite dans un grondement fantastique et du haut de ses 50 m, nous annonçait que la neige, la haut, était bien fondue et que l'été était bien là. La Vindel renchérissait en débitant ses 1700 m3 /seconde (Elles font partie des 4 grandes rivières de Suède dont l'énergie hydraulique n'est pas exploitée et qui sont maintenues à l'état sauvage)
Partout l'air vrombissait, éclatait en ciels olympiens. Le soleil enflammait la surface de l'eau. Un festival d'espaces, vastes et sauvages où seuls vivent les trolls et les rennes nous était offert dans la montagnes (j'ai pris mon "élan", mais trop tard, ils s'enfonçaient dans la forêt !) : des vasières sombres, des forêts à perte de vue, des marécages roussis par la neige acclamaient la belle saison.
Comme si de rien n'était, au milieu de cette débauche de sève, d'odeurs de térébentine à l'approche des bois coupés, d'eau, de lumière, de roucoulades d'oiseaux, les Suédois restent calmes et posés. A l'image des endroits où ils vivent, qu'ils choisissent paisibles voir retirés. A peine aperçoit-on, en traversant les villages, des pieds nus sur le gazon, des épaules dévêtues, des mains au bout d'un râteau...
Et ils nous abandonnèrent leurs routes pendant 10 jours, nous les laissant pour nous tout seuls ! Celles qui passaient par Boden, Alvsbyn, Langstrack, Jörn, Norsjö, Rusksele, Björksele, Norrby, Latisberg, Dorotéa puis Strömsund, Follinge, Änge et Morsil ne furent que du bonheur. Le vent d'est nous donnait des ailes. Nous y avons trouvé de très belles haltes où nous fîmes des festins de truites et de rubarbe.
A Äre, à l'approche des montagnes enneigées et du dénivelé, il fallut nous rendre à l'évidence de ce qui nous attendait de l'autre côté de la frontière et que probablement ça allait être notre fête !!